LE CAMÉLÉON

 

 

 

 

Ses yeux sont faits de houle,

son nez de l'air du temps.
Pour le reste, il l'enroule

dans les feuilles du vent

 

Il est bleu dans la brume,

la noce le voit blanc.
Si décembre l'enrhume,

mai lui verdit le flanc.

 

Il aime l'Angleterre,

ne hait pas le Levant ;

offre à l'un son derrière,

à l'autre son devant.

 

Au gré du temps qui coule,

il va rêvi-rêvant...

Et le soleil roucoule

dans les feuilles du vent.

 

Alain DEBROISE

 

 

 

LE CAMÉLÉON

 

 

 

 

Un œil tourné vers l'Avenir

pour ne pas tomber de la branche;

l'autre, celui qui voit le mieux,

tourné vers l'ombre du Passé

qui est sa course la plus longue,

il est de la couleur du temps,

de la couleur de qui lui parle.
Il admet tout ce qu'on lui dit

et n'élève jamais la voix.

 

Immobile sur son perchoir,

il économise sa vie.

A quoi bon poursuivre une proie

quand d'elle-même elle s'approche

comme on s'approche d'un gourou,

séduit par son air patelin

et par sa langue bien pendue...

 

On dit que le vieillard est sage,

Hugo dit même qu'il est grand

mais je crains qu'il n'ait en partage

que les traits du Caméléon !

 

Maurice FAËS

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