A Julien Gracq,

 

 

 

 

A la roche de Mûrs, rêver de Prométhée,

Chanter la Loreley à Saint-Florent-le Vieil,

Icare à la Haie-Longue ou, quand Loire sommeille,

Être l'âme d'un juste aux rives du Léthé,

 

Simplement voir couler l'illisible destin

Par un soir vigne-vierge au déclin de septembre,

Quand sur la Loire lisse, une poussière d'ambre

Dessine à l'horizon l'auréole d'un saint,

 

Puis passager du Temps, sur un glissement d'aile,

Appareiller vers l'ouest au hasard de la nuit.

 

Alain DEBROISE

 

 

 

 

 

Vint ce ''Beau Ténébreux''  

                                       loin sur un ''Grand Chemin''…  

 

Son âme à jamais court

Longues laies forestières,          

Méandres, contre-jour

D'eaux et ciels sans frontières…

 

Un géant est tombé, et la Loire est en deuil.      

Le grand fleuve, frileux,  dans une brise accueille

Sur l'île Batailleuse

Son ombre silencieuse. 

 

Tellurique veilleur,

Il attendait son heure

Aux flancs de ce Mont-Glonne

Où légendes résonnent.

 

Promeneur solitaire,

Il écoutait sa terre.

Et rêveur lumineux,

Il arpentait les cieux.

 

Et les vents et nuages

Là soufflent leur hommage,

Là où brumes partagent

Mornes bruines otages,

Et coulent les eaux grises

Entre rives étroites                   

Jusqu'à l'ultime emprise

De la mer ample… droite.

 

Un passeur s'est éteint, et la Loire en ses bras

D'éternelle charmeuse,

De l'aède amoureuse,

Est Léthé attendri lui ouvrant l'au-delà.

 

Christian DUPASQUIER

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