Empreintes 15 : A.DEBROISE - C.DUPASQUIER
16 oct. 2011A Julien Gracq,
A la roche de Mûrs, rêver de Prométhée,
Chanter la Loreley à Saint-Florent-le Vieil,
Icare à la Haie-Longue ou, quand Loire sommeille,
Être l'âme d'un juste aux rives du Léthé,
Simplement voir couler l'illisible destin
Par un soir vigne-vierge au déclin de septembre,
Quand sur la Loire lisse, une poussière d'ambre
Dessine à l'horizon l'auréole d'un saint,
Puis passager du Temps, sur un glissement d'aile,
Appareiller vers l'ouest au hasard de la nuit.
Alain DEBROISE
Vint ce ''Beau Ténébreux''
loin sur un ''Grand Chemin''…
Son âme à jamais court
Longues laies forestières,
Méandres, contre-jour
D'eaux et ciels sans frontières…
Un géant est tombé, et la Loire est en deuil.
Le grand fleuve, frileux, dans une brise accueille
Sur l'île Batailleuse
Son ombre silencieuse.
Tellurique veilleur,
Il attendait son heure
Aux flancs de ce Mont-Glonne
Où légendes résonnent.
Promeneur solitaire,
Il écoutait sa terre.
Et rêveur lumineux,
Il arpentait les cieux.
Et les vents et nuages
Là soufflent leur hommage,
Là où brumes partagent
Mornes bruines otages,
Et coulent les eaux grises
Entre rives étroites
Jusqu'à l'ultime emprise
De la mer ample… droite.
Un passeur s'est éteint, et la Loire en ses bras
D'éternelle charmeuse,
De l'aède amoureuse,
Est Léthé attendri lui ouvrant l'au-delà.
Christian DUPASQUIER