Page une mensuelle janvier 2021
27 janv. 2021DOUCE SOMNOLENCE
Sur un coin de banquette, elle a posé sa tête
Derrière ses yeux mi-clos, elle cherche le repos
Dans le silence lourd d’un après-midi chaud
La brise au souffle court, vient caresser sa peau
Dans la chaleur épaisse, les cigales troubadours
Susurrent leur romance dans un même tempo
L’odeur du jasmin inonde le patio
Le temps semble arrêté, sous ce soleil d’été
Le tic-tac de l’horloge égraine les secondes
Dans les bras de Morphée, elle s’est laissé glisser
Le rêve l’emportera à l’autre bout du monde
Sur un voilier tout blanc, sur une mer d’azur
Des plages de sables blonds, des fruits fondants et mûrs
Mais le rêve a une fin et le voyage s’arrête
Le corps est engourdi, elle relève la tête
Puis doucement se lève, et quitte sa banquette
Louise Varenne
ABSENCE D'HORIZON
Enchevêtrement de sous-bois
Forêt aux arbres serrés
Sentiers trompeurs et malaisés
S'asseoir un instant
Envier un bel oiseau
Qui survole la canopée...
Mieux que Robinson,
Debout sur le sommet du plus haut rocher de son île,
Il découvre l'horizon jusqu'à la mer !
Mieux qu'un certain Siméon, alias Stylite,
Juché sa vie durant sur une colonne,
Il prête l'aile aux ascendances et prend de la hauteur.
Mieux que le baron perché d'Italo Calvino
Ou qu'Edouard Cortès, au sommet de son chêne,
Il s'émancipe, là-haut, des contingences terrestres,
Des bulletins météo et des informations
Et des réseaux sociaux
Et des vaccinations !
Sa vie s'ancre dans le vent
Et, dans l'instant, prend son élan.
Mais que faire, en bas, pour avancer quand même
avec nos mains qui saignent
avec nos pieds de glaise ?
Emprunter, rien qu'une minute,
une folle petite minute, quelque chose à l'oiseau :
S'amarrer à l'espace qui s'offre à la lisière
S'enivrer d'une trouée de lumière
Et boire le ciel !
Marie Gandon